Label Bâtiment Biosourcé 2024 : Nouvelles exigences et opportunités
La révision du label Bâtiment Biosourcé introduit la mesure du carbone biogénique et renforce les exigences. Découvrez les nouvelles conditions et les avantages pour vos projets de construction durable.
Une révision majeure du label d'État pour accélérer la transition écologique
Le label Bâtiment Biosourcé, créé en 2012, a été entièrement revu pour s'adapter à l'essor des matériaux biosourcés et aux enjeux de la RE2020. Cette mise à jour, définie par l'arrêté de juillet 2024, transforme fondamentalement l'approche de la construction biosourcée en France. Pour les professionnels de la région PACA, cette évolution représente une opportunité majeure de se positionner sur le marché de la construction durable, particulièrement dynamique dans le sud de la France où la demande pour des bâtiments respectueux de l'environnement ne cesse de croître.
La révision du label s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) qui vise la neutralité carbone à l'horizon 2050. Le secteur du bâtiment, responsable de près de 25% des émissions de gaz à effet de serre en France, doit impérativement se transformer. L'utilisation de matériaux biosourcés, capables de stocker du carbone pendant toute leur durée de vie, constitue un levier essentiel de cette transformation.
Principales nouveautés 2024 : une approche scientifique renforcée
Mesure du carbone biogénique : l'indicateur Stock C au cœur du dispositif
Le calcul se base désormais sur l'indicateur Stock C de la RE2020, permettant une évaluation précise du carbone stocké dans les matériaux biosourcés. Cette approche valorise concrètement la contribution climatique positive de ces matériaux. Contrairement à l'ancienne méthode basée sur un simple ratio de matériaux, le Stock C mesure le carbone effectivement piégé dans le bâtiment, exprimé en kg de CO2 équivalent par mètre carré de surface de plancher.
Cette évolution technique permet de quantifier précisément l'impact environnemental positif d'un projet. Par exemple, une maison individuelle de 120 m² construite avec une structure bois et une isolation en fibre de bois peut stocker jusqu'à 20 tonnes de CO2, soit l'équivalent de 5 années d'émissions d'un véhicule thermique moyen. Pour les professionnels PACA, cet argument chiffré devient un atout commercial majeur face à une clientèle de plus en plus sensibilisée aux enjeux climatiques.
Indépendance du label : simplification et accessibilité
Le label devient autoportant et n'est plus lié à une certification globale du bâtiment comme HQE ou BREEAM. Cette évolution facilite son obtention et permet une approche plus flexible des projets. Les maîtres d'œuvre peuvent désormais viser le label Bâtiment Biosourcé sans nécessairement s'engager dans une certification globale plus coûteuse et contraignante. Cette accessibilité élargie devrait favoriser la démocratisation des matériaux biosourcés, notamment pour les projets de taille moyenne qui représentent la majorité du marché PACA.
Exigences renforcées pour garantir la cohérence des projets
Les niveaux 2 et 3 du label nécessitent désormais des fonctions spécifiques, notamment via l'utilisation d'isolants biosourcés. Cette exigence garantit une intégration cohérente des matériaux dans la performance globale du bâtiment. Il ne s'agit plus seulement de quantifier les matériaux utilisés, mais de s'assurer qu'ils contribuent effectivement aux performances thermiques, acoustiques et à la qualité de l'air intérieur du bâtiment.
Conditions strictes pour les matériaux : garantir la qualité et la traçabilité
Produits bois : de la forêt au chantier
- Attestation de gestion durable des forêts obligatoire : Les certifications PEFC (Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières) ou FSC (Forest Stewardship Council) sont désormais exigées pour tous les produits bois. Cette mesure garantit que le bois provient de forêts gérées durablement, où les coupes sont compensées par des plantations.
- Traçabilité complète de l'origine du bois : Chaque lot de bois doit pouvoir être tracé depuis la parcelle forestière jusqu'au chantier. Cette transparence permet d'éviter l'utilisation de bois issu de déforestation illégale et de privilégier les circuits courts, particulièrement pertinents en PACA où les massifs forestiers des Alpes et du Var peuvent approvisionner localement les chantiers.
- Respect des critères de durabilité et de performance : Les bois doivent répondre aux normes techniques françaises et européennes, garantissant leur durabilité face aux agressions climatiques et biologiques, un point crucial dans le climat méditerranéen avec ses variations importantes d'humidité.
Tous matériaux biosourcés : qualité de l'air et performances techniques
- Étiquette A ou A+ minimum pour les COV : Les Composés Organiques Volatils émis par les matériaux doivent être minimaux pour garantir une qualité d'air intérieur optimale. Cette exigence est particulièrement importante dans les régions méditerranéennes où les températures élevées peuvent amplifier les émissions de COV.
- Respect des normes de qualité de l'air intérieur : Au-delà des COV, les matériaux ne doivent pas émettre de formaldéhyde, de particules fines ou d'autres polluants identifiés par l'ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire).
- Certification des performances techniques : Chaque matériau biosourcé doit disposer d'un avis technique (ATEC) ou d'un Document Technique d'Application (DTA) validant ses performances mécaniques, thermiques et sa durabilité.
Les trois niveaux du label : une progression accessible
Niveau 1 - Engagement : le premier pas vers le biosourcé
- Seuil Stock C à atteindre : Le niveau 1 exige un stockage minimal de carbone biogénique, généralement atteint avec 10 à 15% de matériaux biosourcés dans la masse totale du bâtiment.
- Sensibilisation et documentation : Le maître d'ouvrage doit documenter les choix de matériaux biosourcés et leur contribution environnementale, créant ainsi une base de données précieuse pour les projets futurs.
- Accessibilité : Ce niveau est accessible même pour des projets à budget contraint, permettant une première valorisation de la démarche biosourcée sans surcoût majeur.
Niveau 2 - Performance : l'intégration structurelle
- Seuil Stock C renforcé : Le niveau 2 nécessite un stockage de carbone significativement supérieur, généralement atteint avec 25 à 40% de matériaux biosourcés.
- Isolation biosourcée obligatoire : L'isolation doit être réalisée au moins partiellement avec des matériaux biosourcés (fibre de bois, ouate de cellulose, chanvre, liège). En PACA, la fibre de bois et le liège expansé sont particulièrement adaptés car ils offrent un excellent déphasage thermique, crucial pour le confort d'été.
- Amélioration mesurable du bilan carbone : Le projet doit démontrer une réduction significative de son empreinte carbone par rapport à une construction conventionnelle, généralement de l'ordre de 30 à 50%.
Niveau 3 - Excellence : l'exemplarité environnementale
- Maximisation de l'usage des biosourcés : Plus de 50% de la masse du bâtiment doit être constituée de matériaux biosourcés, ce qui implique généralement une structure bois ou paille.
- Innovation dans les solutions constructives : Le niveau 3 encourage l'utilisation de techniques innovantes comme les murs en bottes de paille porteuses, le béton de chanvre coulé en place, ou les structures en bois lamellé-croisé (CLT).
- Exemplarité globale : Au-delà des matériaux, le projet doit démontrer une cohérence environnementale globale : gestion de l'eau, biodiversité, mobilité, énergie renouvelable.
Avantages concrets pour les professionnels PACA
Différenciation commerciale sur un marché compétitif
- Valorisation de l'expertise technique : Le label Bâtiment Biosourcé atteste d'une maîtrise technique spécifique, rare sur le marché. Pour un architecte ou un bureau d'études, c'est un argument de vente puissant face à une concurrence généraliste.
- Réponse aux attentes des clients haut de gamme : En PACA, particulièrement sur la Côte d'Azur et dans le Luberon, la clientèle recherche des constructions d'exception alliant performance et respect de l'environnement. Le label biosourcé répond précisément à cette demande.
- Accès aux marchés publics : Les collectivités territoriales de PACA intègrent de plus en plus de critères environnementaux dans leurs appels d'offres. Le label Bâtiment Biosourcé peut constituer un critère de sélection ou apporter des points supplémentaires dans la notation des offres.
Performance technique adaptée au climat méditerranéen
- Confort d'été optimisé : Les matériaux biosourcés, notamment le bois et la fibre de bois, offrent un excellent déphasage thermique (8 à 12 heures) qui décale les pics de chaleur. Dans le climat PACA où les températures dépassent régulièrement 30°C l'été, cet atout est décisif pour réduire la climatisation.
- Régulation naturelle de l'humidité : Les matériaux biosourcés sont hygroscopiques : ils absorbent l'humidité excessive et la restituent quand l'air est trop sec. Cette propriété améliore sensiblement le confort intérieur et prévient les problèmes de condensation, fréquents dans les constructions étanches RE2020.
- Qualité de l'air intérieur exceptionnelle : Les matériaux biosourcés ne dégagent pas de COV et certains, comme le bois, ont même des propriétés assainissantes. Dans les zones urbaines de PACA (Marseille, Nice, Toulon) où la pollution extérieure est préoccupante, offrir un air intérieur sain est un argument santé majeur.
Bénéfices environnementaux et économiques durables
- Réduction mesurable de l'empreinte carbone : Un bâtiment biosourcé niveau 3 peut afficher un bilan carbone négatif sur son cycle de vie, stockant plus de CO2 qu'il n'en a émis pour sa construction. Cet argument devient central dans les stratégies RSE des entreprises et institutions.
- Stockage de carbone sur le long terme : Contrairement aux matériaux conventionnels qui émettent du CO2 lors de leur fabrication (ciment, acier), les matériaux biosourcés stockent durablement le carbone atmosphérique capté par les plantes pendant leur croissance.
- Soutien aux filières locales PACA : La région dispose de ressources importantes en bois (massifs alpins, forestiers du Var), en liège (Maures et Estérel), et développe des filières chanvre et paille. Utiliser ces matériaux locaux réduit les transports, soutient l'économie régionale et crée des emplois non délocalisables.
Matériaux biosourcés éligibles : palette complète pour tous les usages
- Bois massif et lamellé : Structure porteuse, charpente, bardage, menuiseries. Le bois local (mélèze, douglas, pin sylvestre des Alpes) est particulièrement adapté au climat PACA.
- Paille en bottes : Isolation thermique performante (R=7 pour 40 cm), écologique et économique. Plusieurs bâtiments en paille ont été réalisés avec succès en PACA, démontrant leur pertinence même en climat méditerranéen.
- Chanvre (béton, laine, enduits) : Le béton de chanvre allie isolation thermique, régulation hygrométrique et stockage carbone. Particulièrement adapté aux rénovations de bâti ancien en PACA.
- Lin (isolation, composites) : Cultivé dans le nord de la France, le lin offre d'excellentes performances en isolation et peut être associé au bois dans des panneaux composites structurels.
- Ouate de cellulose : Issue du recyclage de papier, elle offre un excellent rapport performance/prix et est particulièrement adaptée à l'isolation des combles et des murs à ossature bois.
- Liège expansé : Produit local des Maures et de l'Estérel, le liège est imputrescible, ignifuge naturellement et offre une isolation thermique et acoustique exceptionnelle. Idéal pour les toitures terrasses et les fondations.
Démarche d'obtention : accompagnement étape par étape
- Phase conception : Dès l'esquisse, intégrer la réflexion sur les matériaux biosourcés en dialogue avec le maître d'ouvrage. Évaluer les différents scénarios constructifs et leur impact sur le Stock C.
- Calcul de l'indicateur Stock C : Utiliser un logiciel de calcul RE2020 pour quantifier le carbone stocké. Plusieurs bureaux d'études PACA sont spécialisés dans cet accompagnement.
- Vérification des exigences qualitatives : S'assurer que tous les matériaux biosourcés disposent des certifications requises (PEFC/FSC pour le bois, A/A+ pour les COV, ATEC/DTA pour les performances techniques).
- Constitution du dossier de demande : Rassembler les pièces justificatives (plans, descriptifs techniques, calculs Stock C, certifications matériaux) et les transmettre à un organisme certificateur agréé (Cerqual, Certivéa, Prestaterre).
- Contrôle et validation : L'organisme certificateur vérifie la conformité du dossier et, si nécessaire, effectue une visite de chantier. La délivrance du label intervient généralement dans les 2 à 3 mois suivant le dépôt du dossier complet.
Perspectives et opportunités pour les professionnels PACA
L'évolution du label Bâtiment Biosourcé s'inscrit parfaitement dans la stratégie de décarbonation du secteur du bâtiment et offre de nouvelles opportunités pour les professionnels engagés dans la construction durable. En PACA, région pionnière en matière d'innovation environnementale, les acteurs du bâtiment ont tout intérêt à se former et se positionner sur ce marché en forte croissance.
La Région Sud investit massivement dans le développement des filières biosourcées à travers son Plan Climat régional. Des aides financières sont disponibles pour les projets intégrant des matériaux biosourcés, notamment via le dispositif Agir pour la Transition Énergétique. Par ailleurs, plusieurs plateformes de formation (GRETA, SCOP Écozimut, Envirobat BDM) proposent des modules spécialisés sur la construction biosourcée adaptés aux professionnels en activité.
Les maîtres d'œuvre qui développent une expertise sur le label Bâtiment Biosourcé se positionnent sur un marché d'avenir, porté par les réglementations environnementales de plus en plus exigeantes et par une demande sociétale croissante pour des bâtiments sains et respectueux du climat.
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Veille : Label Bâtiment Biosourcé 2024 : Nouvelles exigences et opportunités - Article technique du Workspace Progineer. Rédigé par Équipe Progineer. Actualités et veille réglementaire du bâtiment en région PACA. label biosourcé, matériaux biosourcés, construction durable, carbone biogénique, RE2020.